Acide tranexamique
Une étude publiée dans la revue The Lancet le 14 octobre 2019 indique que l’administration d’un médicament dans les 3 heures suivant un traumatisme crânien léger ou modéré peut éviter le risque de décès.
L’étude a été réalisée dans 175 hôpitaux de 29 pays sur près de 12000 patients entre le 20 juillet 2012 et le 31 janvier 2019. Le médicament « acide tranexamique » ou un placebo ont été administrés au hasard par voie intraveineuse dans les trois heures suivants l’accident.
L’acide tranexamique est une molécule qui ralentit la décomposition des caillots sanguins (il inhibe la dégradation de la fibrine constituant les caillots sanguins, s’il s’oppose ainsi en partie aux hémorragies). Ce médicament est déjà utilisé pour contrôler les saignements abondants chez les personnes ayant subi un autre traumatisme sur le corps (ex : blessure par balle, accouchements). Bloquer le saignement permet d’éviter qu’il se propage dans le cerveau et de réduire la blessure interne.
Les résultats ont montré que le bénéfice du médicament dépendait de la gravité de la blessure.
En effet, chez les personnes souffrant d’une lésion cérébrale traumatique légère ou modérée, le médicament a réduit le risque de décès dans les 28 jours suivant la lésion: sur 2846 patients ayant reçu l’acide tranexamique, 5,8 % sont décédés alors que chez 2769 patients ayant reçu un placebo, 7,5 % sont décédés. Les chercheurs ont constaté que ce médicament n’avait, par contre, aucun effet sur les patients présentant un traumatisme crânien grave.
Traumatisme crânien léger ou modéré
Selon le professeur Haleema Shakur qui a participé à cette étude internationale :
« C’est le premier essai à démontrer qu’un traitement médical peut réduire le risque de décès de patients traumatisés cérébraux. C’est la première fois que nous constatons un effet bénéfique. Cela aura des nombres répercussions à l’échelle mondiale. C’est un médicament largement disponible, relativement bon marché et très simple à donner ». Le coût est d’environ 6,20 £ par personne.
Actuellement le traitement du traumatisme crânien est très difficile et il existe peu d’options thérapeutiques pour les patients. Les chercheurs britanniques estiment que l’administration systématique de ce médicament pourrait sauver des millions de vies chaque année.
En effet, on estime à environ 70 millions le nombre de nouveaux traumatismes crâniens dans le monde chaque année. Ils sont généralement provoqués par des accidents de la circulation, des agressions ou des chutes.
90% des traumatismes crâniens sont qualifiés de légers ou modérés.
Pourtant ces lésions peuvent bouleverser la vie des patients et parfois conduire à la mort. Cette découverte insuffle de grands espoirs dans leur prise en charge.
L’Organisation Mondiale de la Santé va évaluer l’opportunité d’ ajouter ce médicament à la liste des traitements essentiels du traumatisme crânien.
Sources : The Lancet ; The Guardian
Image: Pixabay