La revue Nature a publié en ligne le 9 novembre 2016 une étude réalisée par le centre hospitalier universitaire Vaudois (CHUV) et l’École Polytechnique de Lausanne (l’EPFL- Suisse) qui révèle que des macaques rhésus ont recouvré le contrôle de leur jambe paralysée grâce à un système « interface cerveau-moelle épinière » sans fil.
Système « interface cerveau-moelle épinière » sans fil
L’expérience a été réalisée sur des singes atteints de paralysie des membres inférieurs due à une lésion partielle de la moelle épinière.
Comment ça marche ?
Une puce constituée de micro-électrodes est implantée dans le cortex moteur gauche du cerveau qui est la zone de contrôle de la marche de la jambe droite. Elle enregistre l’activité émise et l’envoie vers un ordinateur qui va décoder à l’aide d’ algorithmes cette activité neurale. L’ordinateur transmet ensuite cette information à un générateur d’impulsion qui a été implanté au singe. Ce générateur décode l’intention du singe et il l’a transmet à l’implant muni de plusieurs électrodes posé en aval de la lésion sur la moelle épinière. Cet implant va stimuler les nerfs qui contrôlent les muscles de la jambe.
Ce système agit donc comme une sorte de passerelle qui créée la reconnexion du système nerveux. Ces connexions sans fil permettent ainsi de rétablir la communication entre le cerveau et la moelle épinière.
L’étude a été réalisée en juin 2015. Un singe a retrouvé l’usage de sa patte paralysée au bout d’une semaine et sans thérapie. « Le primate a pu marcher immédiatement, dès que l’interface cerveau-moelle épinière a été activée. Aucune physiothérapie ni entraînement n’ont été nécessaires », selon le neuroscientifique Erwan Bézard de l’université de Bordeaux (France), qui a supervisé les expériences sur les primates. Un autre singe a mis 2 semaines à remarcher.
« Le lien entre le décodage du cerveau et la stimulation de la moëlle épinière, de manière à ce que cette communication existe, est complètement nouveau », « pour la première fois, je peux m’imaginer un patient complètement paralysé être capable de remuer ses jambes grâce à l’interface cerveau-moelle épinière. » dixit la neurochirurgienne Jocelyne Bloch de l’hôpital universitaire de Lausanne qui a placé les implants sur les singes au laboratoire du chercheur de l’Université de Bordeaux.
Pour des lésions plus graves, ce système d’interface devrait fonctionner mais « vraisemblablement avec l’aide d’agents pharmacologiques ».
Une étude clinique de faisabilité est en cours sur huit personnes souffrant de lésions partielles qui affectent la mobilité de leurs jambes. Néanmoins « il reste beaucoup de défis devant nous et il faudra peut-être plusieurs années avant que tous les composants de cette intervention aient pu être testés sur des humains. » déclare Grégoire Courtine, en charge de la collaboration et Erwan Bézard d’ajouter que « cela prendra quelques années avant que de telles approches soient disponibles en clinique pour l’Homme » .
Peut être que dans quelques années les avancées technologiques permettront de restituer la marche aux personnes souffrant de paraplégie…
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Sources: Le Monde, Nature, Psychomédia