Rugby : le protocole commotion cérébrale pour protéger les joueurs

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Rugby et commotion cérébrale

Depuis les années 90, le rugby s’est professionnalisé. Les règles de ce sport ont évolué et les morphologies des joueurs ont changé : ils sont devenus de véritables colosses.

Les joueurs ont gagné 10% de masse musculaire supplémentaire. La conséquence est que le jeu est devenu plus physique, les chocs plus violents et rapides.

Depuis 2012 et le scandale des cas d’ Encéphalopathie Traumatique Chronique (ETC) – maladie neurodégénérative provoquée par la répétition de commotions – à la NFL, révélés  aux Etats-Unis, un « protocole commotion cérébrale » a été mis en place dans la pratique du rugby afin de prévenir ses troubles, voire l’issue fatale que peuvent provoquer chez certains les chocs à répétition.

Si les cas d’ETC en relation avec la pratique du rugby n’ont pas vraiment été établis en France, les précautions sont de mise car cette maladie n’est diagnostiquée véritablement qu’après le décès, lors d’une autopsie. Les troubles qui y sont associés apparaissent généralement autour de la cinquantaine et se traduisent par des symptômes similaires à la démence pugilistique, la maladie de Parkinson ou d’Alzheimer.

La commotion cérébrale est une blessure au cerveau qui résulte d’un choc violent ou de plusieurs chocs plus « légers » dont les conséquences peuvent être immédiatement visibles avec perte de connaissance, crise d’épilepsie ou crise tonique posturale ou se traduire par d’autres troubles tels que des nausées, des vertiges, des vomissements, des maux de tête, des troubles  du comportement, de la mémoire, de l’équilibre, de la vue, de l’orientation etc…

Statistiquement,  le diagnostic des commotions cérébrales a augmenté. Il est mieux établi aujourd’hui grâce à l’attention dont il fait l’objet.

Ainsi, une étude de la Fédération anglaise de rugby anglaise datant de 2015 a révélé que les commotions cérébrales représentaient 12,5% des blessures.

C’est notamment lors des plaquages (56% des cas), des rucks (18% des cas) et dans le jeu courant (15% des cas) que les traumatismes se produisent au niveau de la tête et des cervicales : la répétition, la force et surtout la rapidité des chocs peuvent entraîner des commotions cérébrales.

Notons que  les traumatismes crâniens,  de 2012 à 2014,  auraient augmenté de 59 %  (54 cas contre 86)

Une étude du professeur Philippe Decq, neurochirurgien à l’hôpital Beaujon (Clichy) et expert “commotions” pour la Fédération Française de Rugby a établi quelques corrélations entre les commotions et des symptômes caractéristiques d’ETC comme des dépressions et des maux de tête violents. Néanmoins, cette étude ne portait que sur 239 rugbymen en retraite sportive comparé à 138 autres sportifs retraités : elle ne peut donc être totalement probante, peu de sportifs retraités ayant accepté d’y participer. Elle ouvre néanmoins la voie à une étude plus poussée.

Mais toutes les personnes ayant subi plusieurs commotions cérébrales ne vont pas forcément développer une ETC, d’autres facteurs encore inconnus sont à prendre en compte : les chercheurs soupçonnent, entre autre, une prédisposition génétique.

La Fédération Française du rugby (FFR), la ligue nationale du rugby (LNR)et la Word rugby ont été sensibilisées au danger de la commotion cérébrale et ont pris la responsabilité d’instaurer un protocole pour protéger les joueur.

En quoi consiste le « protocole commotion » ?

Lorsqu’un joueur subit un choc violent susceptible de provoquer un traumatisme crânien, il sort du terrain et un médecin lui fait passer divers tests comportementaux : il pose diverses questions relatives au déroulement du match, fait passer un test d’équilibre. Si le médecin ne l’estime plus apte à jouer, le joueur sort définitivement du terrain et est remplacé par un autre. Un repos de 48 heures tant physique qu’intellectuel est préconisé. Il faut absolument éviter tout nouveau choc dans ce délai, au risque d’avoir de graves répercussions  sur la santé du joueur : on parle du Syndrome du 2ème impact qui peut faire encourir un risque vital, notamment chez les plus jeunes joueurs car leur cerveau est beaucoup plus vulnérable. Le joueur doit par ailleurs consulter un neurologue pour établir un bilan.

La reprise du jeu ne sera possible qu’après disparition des symptômes et sera très progressive suivant le grade de commotion dont souffre le joueur. Pour certains, une nouvelle consultation neurologique sera nécessaire.

A côté de ce « protocole commotion », des mesures de détection et de prévention peuvent être utilisées :

Détection de la commotion

Certains médecins  proposent de développer la détection systématique des commotions cérébrales par la vidéo qui permet des ralentis.

Il existe aussi des outils technologiques mesurent l’impact des chocs : par exemple, le « Brainband », qui est un bandeau muni de capteurs, transmet l’information en temps réel aux médecins, il existe également des capteurs qui sont collés derrière l’oreille.

Prévention de la commotion

Le protège dents amortit  l’impact des chocs. Le port du casque constitue aussi une bonne protection mais peut conférer un sentiment de sécurité amenant les joueurs à prendre plus de risques. Une bonne coordination musculaire est conseillée, notamment dans les techniques de plaquages.

Si le monde du rugby a pris des dispositions pour protéger ses joueurs, il serait nécessaire d’étendre les protocoles de protection aux autres sports impliquant des contacts ou des impacts.

Sources:

http://www.englandrugby.com

http://www.sportacaen.fr

http://franceolympique.com

 http://www.upandunder.fr

http://www.lnr.fr/IMG/pdf/Presentation_Protocole_Commotion_Cerebrale.pdf

image: https://commons.wikimedia.org/wiki/User:Pleclown/gallery, Clément Bucco-Lechat

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