Prothèse vaginale contre le prolapsus : vers un nouveau scandale sanitaire ?

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Scandale des prothèses vaginales

Une enquête de l’Obs publiée le 18 octobre 2017, révèle le scandale des prothèses vaginales Prolift.

Aux États –Unis, en Grande- Bretagne, au Canada, en Australie et aux Pays-Bas de nombreuses plaintes ont été déposées contre le laboratoire Johnson & Johnson suite aux effets secondaires provoqués par la pose d’une prothèse vaginale de marque Prolift, mise sur le marché en 2005, conceptualisée pour remédier au problème de la descente d’organes autrement appelée prolapsus.

On parle de prolapsus lorsque le plancher pelvien (muscles et ligaments) ne soutient plus les organes (vessie, utérus, urètre, rectum) ce qui se traduit par un effondrement de ces derniers qui appuient sur les parois du vagin. Il est dû  au relâchement des tissus, provoqué par les accouchements ou à l’avancée en âge. Cette descente d’organes est invalidante pour la personne qui souffre notamment de douleurs pelviennes et d’incontinence urinaire.

Le prolapsus est traditionnellement corrigé par une opération chirurgicale qui consiste à reconstruire le plancher pelvien en découpant le vagin et en le recousant.

Inspirés par la technique d’implantation des bandelettes urinaires destinée à traiter l’incontinence, des médecins français ont décidé de créer, sur le même principe, la prothèse vaginale pour remédier au prolapsus. Réunis au début des années 2000 en un groupe de médecins surnommé le « groupe des neufs », ils ont conceptualisé le projet pendant 5 ans. La prothèse a été commercialisée en 2005.

La technique consiste à insérer dans la paroi vaginale un filet en plastique (maille en polypropylène), fixé aux organes adjacents, de sorte à créer une sorte de hamac pour empêcher la descente d’organes.

Douleurs extrêmes: effet « papier de verre » , « râpe à fromage »

Des effets secondaires très invalidants ont été constatés rapidement par les patientes opérées : elles ont témoigné de douleurs extrêmes décrites comme un effet « papier de verre » ou « râpe à fromage ». La prothèse, fixée aux ligaments et tirant sur les terminaisons nerveuses, cisaille le vagin : des nécroses formant des boules au fond du vagin, des hématomes  voire même de perforations de la vessie et du rectum ont été constatées, rendant impossibles les rapports sexuels.

De très nombreuses plaintes ont été déposées à travers le monde…Actuellement un procès est en cours en Australie où 800 femmes ont déposé un recours collectif. Une décision de justice devrait être prononcée en novembre 2017.

En 2013, aux États –Unis, le procès médiatisé de Linda Gross a mis en lumière cette affaire. Cette infirmière implantée avec une  prothèse vaginale Prolift a porté plainte en  2008. Les juges du New Jersey lui ont alloué une indemnité compensatoire de 3,35 millions de dollars et des dommages-intérêts à hauteur de 7,76 millions de dollars en février 2013. Elle avait dû subir 18 interventions chirurgicales pour réparer les dégâts causés par la pause de l’implant et fût traitée avec une pompe à analgésiques et des narcotiques pour parer à une douleur constante.

Selon l’enquête, le produit a été commercialisé trop vite : d’une part le tissu implanté était  trop lourd, entraînant des problèmes de cicatrisation  et une réaction inflammatoire ; d’autre part, les chirurgiens qui ont procédé à la pose d’implants ont été peu ou pas formés.

Lors du  procès Australien, les avocats des plaignantes ont  révélé que  les médecins connaissaient  les effets secondaires du dispositif mais n’ont alerté personne sur les dangers du produit pour continuer à tirer profit de la pose d’implants.

Les inventeurs du concept se défendent d’avoir demandé au laboratoire qui les finançait un comparatif entre la chirurgie traditionnelle et la pose de la prothèse , demande à laquelle le laboratoire n’aurait pas donné suite…L’enquête révèle que le brevet de la prothèse est estimé à 5, 5 millions de dollars et les formations chirurgicales à la pose du dispositif délivrées par les médecins estimées entre 1000 et 2000€ la journée.

La commercialisation du Prolift a été interdite aux États –Unis  en 2012 et en France en 2013,

Plus 100 000 femmes ont été opérées à travers le monde

En France, il n’y a pas eu médiatisation de plaintes déposées, les patientes bénéficiant d’une protection sociale et ayant été mieux prises en charge par les médecins les ayant opérées. Ces derniers avaient été préalablement formés par le « groupe des 9 ».

Pour autant on retrouve quelques plaintes dans des jurisprudences

Source: L’Obs

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