La Revue en ligne « PLOS Biology » a publié le 31 janvier 2017 une étude réalisée à Genève (Suisse) par une équipe de neurophysiologistes qui révèle la possibilité de communiquer pour des personnes atteintes d’un locked-in syndrome complet. Jusqu’à présent, cela semblait impossible…
La sclérose latérale amyotrophique et le Locked in syndrome
Il s’agit d’un état dans lequel la personne est complètement paralysée mais dont le cerveau reste conscient.
L’affection est progressive et atteint le système nerveux qui contrôle le mouvement. À un stade avancé, la respiration est verrouillée et le patient nécessite une aide respiratoire.
L’état d’enfermement peut également résulter de lésions cérébrales suite à un AVC ou un traumatisme, d’un empoisonnement, d’un surdosage de médicaments…
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Jusqu’à présent les personnes atteintes par cette maladie étaient dans l’impossibilité complète de communiquer dès lors qu’elles perdaient l’usage des mouvements des yeux et des paupières, seul moyen permettant de maintenir une communication associé à un support technologique.
L’étude:
4 malades atteints de sclérose latérale amyotrophique (SLA ou maladie de Charcot) ont participé à cette expérience: 3 femmes âgées de 68 ans, 76 ans et 24 ans et un homme âgé de 61 ans. Ces personnes étaient dans l’impossibilité de communiquer depuis 2010, 2014 et 2015.
La technique combine spectroscopie par proche infrarouge fonctionnelle et électroencéphalogramme.
Il s’agit de mesurer, au moyen de puces neurologiques et d’une interface cerveau-ordinateur, l’oxygénation du sang dans le cerveau ainsi que son activité électrique. Une forte concentration d’oxygène au niveau de certains groupes de neurones permet de déterminer la réponse par « oui » ou « non » à des questions simples.
Les patients ont été formés à écouter et répondre à divers types de questions par la pensée: questions connues (apprises en séance de formation) , des questions personnelles (qui concernent la biographie du patient ex : le nom de votre mari est Joachim) et des questions ouvertes (ex : avez-vous des maux de dos ?). Les questions étaient répétées plusieurs fois afin de s’assurer de la cohérence des réponses. Trois à quatre sessions ont été réalisées chaque jour en fonction de l’état de santé déclaré par les gardiens du patient. Les séances ont duré en moyenne 9 minutes.
Un algorithme a appris à classer les « oui »et les « non » et l’ordinateur a retranscrit ces signaux en langage.
Répondre avec la pensée
Les résultats ont permis d’écarter un facteur « chance » ou « hasard » pour confirmer l’état de conscience des patients et leur capacité à communiquer.
Ils ont identifié correctement leurs proches ou leur famille et un père a même interdit à sa fille de se marier avec son petit ami « Mario » (9 réponses négatives sur 10 lorsque la question lui a été posée).
L’équipe a été surprise de constater que ces personnes étaient contentes de poursuivre leur existence à partir du moment où elles bénéficiaient de soins adaptés, et ce même si elles vivaient sous respirateur artificiel – ce qu’elles avaient accepté auparavant et qui démontrait leur volonté de continuer à vivre.
A la question « êtes – vous heureux ? » ces personnes ont toutes et à chaque fois répondu « oui » alors qu’avant qu’elles ne soient confrontées à la maladie, elles pensaient qu’elles ne seraient pas heureuses de poursuivre leur existence ainsi.
L’objectif des scientifiques, au vu de cette incroyable découverte, est ensuite de développer des synthétiseurs de paroles et des appareils qui permettront aux personnes atteintes de SLA de se déplacer seules.
Sources:
Youtube
image: http://journals.plos.org/plosbiology/article?id=10.1371/journal.pbio.1002593#pbio-1002593-g006