Une ancienne journaliste, travaillant à Marseille, a déclaré cette hypersensibilité aux ondes en 2010. Souffrant de céphalées très intenses, de troubles cardiaques digestifs et neurologiques qui se traduisent notamment par des pertes de mémoire voire la syncope, elle a été forcée de s’isoler dans les montagnes ariégeoises dans une grange aménagée où elle vit éloignée des routes, sans électricité et s’approvisionne à une source d’eau. Elle a dû faire enterrer des câbles téléphoniques pour installer un téléphone fixe.
Ne pouvant plus exercer son activité professionnelle, en 2013, elle s’adresse à la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) de l’Ariège afin d’obtenir une allocation adulte handicapé (AAH). Si ces dernières années quelques MDPH ont accordé cette allocation à des électro sensibles ou encore octroyé à l’amiable une aide financière pour protéger des ondes un logement (dans l’Essonne en 2014), elle la lui refuse en avril 2013 au motif que son taux d’incapacité est inférieur à 50%. La jeune quarantenaire fait appel de la décision en saisissant le Tribunal de contentieux de l’incapacité de Toulouse en août 2014 et en avril 2015, ce dernier demande par voie d’ordonnance une expertise médicale.
L’expertise conclut que « La description des signes cliniques est irréfutable. La symptomatologie disparaît dès que les causes sont éliminées. Mais cette élimination impose un mode de vie qui ne permet pas la moindre suspicion de simulation. En milieu protégé, le handicap est nul, en milieu hostile, il peut atteindre 100 % ». Le TCI va suivre l’avis de l’expertise et statuer en faveur de la victime et lui reconnaît « un taux d’incapacité de 85% avec une restriction substantielle et durable pour l’accès à l’emploi » à compter du 1er avril 2013. Ainsi elle pourra percevoir une AAH de 800 euros par mois pour une durée de 3 ans renouvelable.
Le seul précédent en Europe est la reconnaissance en Italie par la Cour de cassation en 2012 d’un lien entre l’apparition de la tumeur du nerf trijumeau d’une victime et l’utilisation de la technologie sans fil.
L’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement doit rendre un rapport début 2016 sur la relation de causalité entre l’hypersensibilité électromagnétique et l’exposition aux radiofréquences qu’elle avait auparavant réfutée en 2009…La décision de justice aura-t-elle une influence pour qu’elle émette une opinion inverse ?
Il faut espérer que cette décision fasse jurisprudence car selon l’association Next up il existerait près de 70 000 personnes concernées en France et la plupart sont désocialisées, obligées de changer souvent d’emplacement. Certaines se suicident.