Des chercheurs de l’hôpital de Cincinnatti (Etats-Unis) ont mis au point un collier qui permettrait de limiter les risques de commotions cérébrales…
Qu’est-ce qu’une commotion cérébrale?
Les commotions cérébrales sont des blessures au cerveau. Elles sont causées par un choc qui provoque le déplacement du cerveau qui va cogner violemment contre le crâne. Les mouvements rapides d’accélération et de décélération du cerveau entraînent la torsion et la déchirure des neurones, qui sont à l’origine des commotions. Les lésions cérébrales se traduisent ensuite par des symptômes d’ordre physique (maux de tête, étourdissements), cognitif (problème de mémoire ou de concentration) ou émotif (déprime). Une commotion peut survenir à la suite d’un coup à la tête ou au corps qui indirectement provoque un mouvement brutal de la tête.
Accident de sport
De nombreux sportifs sont victimes de commotions cérébrales et les conséquences sont désastreuses sur leur santé et leur vie.
Il y a eu, en 2018, plusieurs décès de rugbymen consécutifs à des commotions. Dans un sport de plus en plus violent, malgré les protocoles mis en place, il apparaît urgent de renforcer les moyens de prévention.
Des chercheurs de l’hôpital de Cincinnati (Etats-Unis) ont inventé un dispositif pour prévenir les commotions. 5 années de recherche préliminaires ont été nécessaires pour élaborer un collier, dispositif externe et léger, qui préviendrait les commotions.
Ils se sont inspirés des piverts et des boucs, animaux sauvages qui donnent de nombreux coups avec leur tête sans souffrir de conséquences sur leur cerveau. Le pivert est en effet doté d’un solide bec lié à l’os hyoïde qui entoure le crâne et d’une texture spongieuse au niveau de la boîte crânienne qui contient peu de liquide céphalo-rachidiens. Cette constitution permet au cerveau d’être moins sujet aux mouvements à l’intérieur du crâne, ce qui le protège des commotions.
Les chercheurs ont décidé de créer un collier pour reproduire ce mécanisme protecteur chez l’être humain. Le collier nommé « Q- Collar » appuie sur la veine jugulaire de chaque côté du cou (compression jugulaire douce selon le principe de la manœuvre de Queckenstedt), ce qui permet d’augmenter le volume sanguin dans le cerveau afin que ce dernier prenne plus de place dans la boîte crânienne. Ainsi, en cas de choc, le cerveau est protégé comme par un airbag et se cogne moins violemment contre les bords, ce qui limite les lésions. Ce collier, porté à l’extérieur est conçu pour imiter les actions des muscles omo-hyoïdiens du corps sur les veines jugulaires qui fourniront une pression et une augmentation du volume sanguin similaire à celle d’un bâillement ou du fait de s’allonger.
Commotion cérébrale
Deux études ont été réalisées au hockey et au football. Elles indiquent que le port du collier diminuerait l’impact répété des commotions sur le cerveau. Une étude publiée en octobre 2018 indique que les footballeuses ayant porté le collier n’ont pas montré de lésions cérébrales alors que chez celles qui n’en portaient pas, des petits changements dans certaines zones de leur cerveau ont été observées. Une imagerie par résonance magnétique de diffusion (IRMD)a été utilisée en pré- saison et après la saison pour révéler les différences de diffusion dans la matière blanche du cerveau des joueuses n’ayant pas porté le collier comparativement à celles qui l’avaient porté. Après analyse et comparaison, le port du collier semble diminuer l’impact du choc.
Le collier permettrait de réduire le risque de commotions. La société fabricant ce dispositif anti-commotions indique une diminution de 80 % de fibres déchirées.
Néanmoins, il ne faut pas porter le collier toute la journée car l’effet est comme lorsque l’on met la tête à l’envers.
Ces résultats sont à interpréter avec prudence…
Certains médecins estiment que les preuves de la protection du cerveau contre les lésions ne sont pas suffisantes.
En effet, cette idée d’augmenter le volume du cerveau dans la boîte crânienne a déjà été testée avec le « sport pratiqué en altitude » mais les résultats n’ont pas été probants. Sur la base de ces expériences certains scientifiques estiment que collier qui imite l’effet de l’altitude ne semble pas être un bon moyen de prévenir les commotions cérébrales. Ainsi, le Pr James Smoliga (Professeur de physiologie département de physiothérapie université Hight Point) indique également, après des investigations en ornithologie, qu’aucun document scientifique n’atteste l’existence d’une compression jugulaire chez le Pivert. Si ce mécanisme protecteur existe chez l’animal, ce dernier est également pourvu d’une structure osseuse du crâne spécifique et d’un bec absorbant les chocs. De même, la posture et les mouvements du pivert sont très spécifiques ce qui aide à dissiper les chocs au cerveau : la protection est due à l’harmonie de toute ces spécificités que l’on ne peut reproduire en appuyant simplement sur la veine jugulaire. Il estime également à propos du collier que: «Il crée un faux sentiment de sécurité qui conduirait les athlètes à jouer de manière plus agressive et donc augmenter le risque de blessures. »
La prudence est encore de mise car, à ce jour, il n’y a pas de nouvelle étude publiée qui confirmerait son efficacité; et notamment, on ne connait pas ses conséquences sur la santé à long terme.
Ce dispositif novateur n’a pas encore fait ses preuves, il n’a pas encore reçu l’agrément des fédérations sportives. Son coût est élevé (250 dollars) et constitue un enjeu financier important.
Cette invention a le mérite de proposer un nouveau moyen de prévention des commotions. Si elle s’avère efficace, elle constitue une réelle révolution pour atténuer les conséquences préjudiciables des commotions liées aux sport. Il serait important de voir publier les dernières études à ce sujet.
Il reste indispensable de continuer à éduquer les athlètes et prévenir les risques de commotions cérébrales dans le sport.
Sources:
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