Un test olfactif permettrait de prédire l’évolution de sortie du coma…
Lorsqu’une personne est victime de graves lésions cérébrales et qu’elle est plongée dans le coma, il est difficile de prédire si elle va reprendre conscience et combien de temps cela prendra.
L’autre difficulté est de déterminer si la personne est en état végétatif ou pauci-relationnel : il existe un taux d’erreur allant jusqu’à 40% dans la détermination de l’état de conscience chez les patients souffrant de lésions cérébrales.
Il est pourtant nécessaire d’établir un diagnostic pour adapter les soins à prodiguer, notamment dans la prise en charge de la douleur.
Dans l’étude parue dans la revue Nature le 29 avril 2020, les chercheurs ont réalisé sur 43 personnes cérébro-lésées des tests olfactifs pour prédire la sortie du coma.
Les chercheurs sont partis du postulat selon lequel les personnes inhalent profondément lorsqu’elles détectent des odeurs agréables et reniflent brusquement les odeurs désagréables.
La chercheuse Anat ARZI, auteure principale de l’étude (chercheur au département de psychologie de l’Université de Cambridge et au Weizmann Institute of Science Israel), avait déjà observé que, chez les personnes en bonne santé, une réponse à l’olfaction se produit dans les états de veille et de sommeil.
L’équipe scientifique, poursuivant cette piste, a fait respirer à des victimes de lésions cérébrales graves des odeurs plaisantes et déplaisantes comme du shampoing, du poisson pourri, des odeurs neutres ou un mélange des deux types d’odeurs.
Elles étaient présentées aux patients dans des bocaux pendant 5 secondes et la respiration par le nez était contrôlée à l’aide d’une canule nasale. Chaque pot a été présenté dix fois dans un ordre aléatoire. Le flux nasal a été mesuré pendant plusieurs semaines.
Les chercheurs ont ensuite mesuré le fonctionnement des structures cérébrales profondes au moyen d’IRM, d’électroencéphalogrammes…
Les résultats laissent présager un indicateur de rétablissement chez les personnes dans le coma.
« Test du snif »
En effet, 100% des personnes ayant réagi au test olfactif ont évolué favorablement, reprenant conscience.
Les chercheurs ont observé que chez certains patients, le flux nasal variait suivant le type d’odeurs présentées.Ces patients ont également modifié leur débit d’air nasal en réponse à une odeur neutre. Les chercheurs en ont déduit qu’ils restent capables d’anticiper une odeur bien qu’ils soient inconscients.
91% ont survécu plus de 3 ans et demi après l’accident.
Les patients peu conscients inhalaient beaucoup moins en réponse aux odeurs mais ne faisaient pas de distinction entre les odeurs agréables et les odeurs désagréables . Malheureusement, 63% des personnes n’ayant pas du tout réagi aux tests olfactifs sont décédées.
Sur le site de l’Université de Cambridge, Anat Arzi a déclaré « La précision du « test sniff » est remarquable – j’espère que cela aidera dans le traitement des patients gravement blessés au cerveau dans le monde », a déclaré ,
Le Dr Tristan Bekinschtein au Département de psychologie de l’Université de Cambridge, qui a participé à l’étude a ajouté: « Lorsque la « réponse sniff » fonctionne normalement, cela montre que le patient peut encore avoir un certain niveau de conscience, même lorsque tous les autres signes sont absents«
Source: Nature
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