Selon une étude parue le 16 octobre 2019 dans la revue Neurology, les athlètes sont autorisés à reprendre le jeu un an après une commotion cérébrale alors qu’ils conservent des lésions.
L’objectif de la recherche était de vérifier si les altérations cérébrales liées à une commotion observée au moment de la blessure s’étaient dissipées un an après, au moment de la reprise du sport autorisée médicalement.
En principe les joueurs sont autorisés à retourner sur le terrain une fois les symptômes disparus (tels que des maux de tête, une fatigue…), pour autant cette étude semble montrer que les lésions subsistent à la reprise de l’activité sportive.
La recherche a été effectuée sur 146 patients dont 22 avaient été victimes de commotions cérébrales. Les hommes et les femmes étaient également représentés dans les deux groupes de patients (avec et sans commotion). La moyenne d’âge était de 20 ans. Les joueurs pratiquaient le volley-ball, le hockey, le soccer, le rugby, le basket-bal, la crosse et le water-polo.
Les athlètes ont subi plusieurs IRM (imagerie par résonance magnétique) : une première IRM a été effectuée en moyenne quatre jours après la blessure, puis une deuxième lorsque l’athlète a été autorisé à retourner au jeu, enfin une troisième après la reprise du jeu un an plus tard.
L’étude comparative a permis de découvrir que le débit sanguin cérébral était considérablement réduit un an après la commotion cérébrale: la diminution moyenne était de 10 ml pour 100 g de sang par minute par rapport aux athlètes n’ayant subi aucune commotion.
Ils ont également observé des signes de gonflement des tissus cérébraux un an après leur retour au jeu causé par une altération du tissu de la substance blanche.
Cependant les signes de connectivité cérébrale étaient normaux.
Selon Nathan W. Churchill ,professeur à l’hôpital Saint Michael de Toronto (Canada): « Des traces de lésions cérébrales dues à une commotion cérébrale persistaient dans certaines parties du cerveau », « les cerveaux des athlètes atteints de commotion montraient encore des signes de lésions cérébrales quand ils étaient autorisés à retourner jouer. »
« les résultats de notre étude nous apprennent que la récupération du cerveau après une commotion cérébrale est peut-être un processus plus complexe et plus durable qu’on ne le pensait au départ (…) en particulier, les changements cérébraux après une commotion liée au sport semblent durer bien au-delà de l’autorisation médicale pour revenir au jeu, même pour les athlètes affichant un processus de récupération relativement normal. »
Les chercheurs ont observé néanmoins que les effets à long terme de la commotion cérébrale sur le cerveau dépendent de la gravité des symptômes et du temps pris par un athlète pour reprendre l’activité sportive.
Pour le professeur Churchill, il reste important de déterminer si la lésion cérébrale et ses séquelles vont disparaître avec le temps ou être permanentes.
Il indique que des recherches supplémentaires seront nécessaires pour comprendre les effets à long terme des changements cérébraux identifiés dans l’étude. Ces changements peuvent-ils entraîner davantage de problèmes de santé chez les athlètes qui subissent une seconde commotion avant que leurs cerveaux ne se remettent de la première?
Source: Neurology
image: ©Pixabay
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