Traumatismes crâniens : recherche de nouveaux traitements

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Contrôler l’inflammation et provoquer la remyélinisation

Le 27 novembre dernier, La Fondation des Gueules Cassées a récompensé le professeur Catherine Marchand-Leroux (Faculté de pharmacie, Université de Paris Descartes) et son équipe de chercheurs pour leur projet de recherche de  « nouvelles cible thérapeutique pour la prise en charge du trauma crânien » avec la remise d’un prix de 50 000€.

Le traumatisme crânien peut provoquer des handicaps invisibles qui se traduisent par la difficulté de  prendre des décisions, faire preuve d’irritabilité, souffrir d’anxiété, des difficultés de concentration, un déficit de la mémoire, un syndrome de stress post-traumatique ou de la dépression.

Aujourd’hui il n’existe pas encore de médicament pour traiter le traumatisme crânien en lui-même avant l’arrivée des séquelles. Pourtant c’est lors du choc traumatique qu’un processus d’inflammation qui détruit la substance blanche (phénomène de démyélinisation) qui est à l’origine des lésions neurologiques.

Le projet de l’équipe scientifique est d’identifier les cibles thérapeutiques pour développer de nouvelles stratégies de prise en charge des traumatismes crâniens et d’aller au-delà d’un simple traitement des symptômes. Il s’agit d’éviter les séquelles en amont.

Les chercheurs étudient la mise en place d’un traitement à même de stimuler la remyélinisation.

Pour cela, l’équipe s’est intéressée de plus près aux symptômes d’inflammation qui perdurent plusieurs années après un traumatisme crânien. Après le choc, le processus inflammatoire conduit une cellule, « la microglie », à produire des substances qui provoquent la démyélinisation c’est-à-dire à la destruction de la myéline (gaine protectrice des fibres nerveuses) à l’origine des séquelles.

La myéline est  la substance blanche qui entoure les fibres nerveuses et leur sert de gaine protectrice. Elle isole électriquement les axones et les protège. Elle est indispensable  pour assurer la rapidité de la transmission du message nerveux

Mais les chercheurs ont observé que la microglie libère en réalité   à la fois une substance réparatrice et une substance toxique. Les chercheurs souhaitent parvenir à moduler le processus d’inflammation post -traumatique pour stimuler la réparation, en créant un processus de remyélinisation. Ainsi l’inflammation ne serait pas complètement endiguée mais contrôlé pour en conserver les effets bénéfiques.

Ces découvertes passent par le processus d’inhibition de l’enzyme PARP et son effet sur la neuro- inflammation et la régénération.

 

D’autre part l’équipe scientifique, qui s’appuie sur une  connaissance récente selon laquelle la personne qui a subi un traumatisme crânien est prédisposée à souffrir d’un  état de stress post-traumatique, a établi qu’il existerait une corrélation entre l’état de stress post-traumatique et les lésions de la substance blanche (démyélinisation) provoquées par le traumatisme crânien.

L’équipe étudie depuis l’impact de la réponse de neuro-inflammation dans les déficits comportementaux et les déficits de la sphère émotionnelle en lien avec cet état de stress post-traumatique. Elle développe  un traitement par l’exposition aux stimuli de peur pour conditionner les patients à  l’inoffensivité des stimuli.

Le communiqué de presse de la Fondation rappelle que l’on dénombre environ 20 000 cas de traumatismes crâniens chaque année en France dont 10 000 présentent des séquelles et qu’il s’agit de la première cause de mortalité chez les moins de 30 ans. Les traumatismes crâniens sont provoqués essentiellement par des accidents de la route, des accidents de sport ou lors d’agressions. Le phénomène s’amplifie avec le vieillissement de la population.

L’équipe scientifique va réunir une cohorte de patients pour mettre en place ce traitement  néanmoins les résultats ne nous parviendront pas avant plusieurs années.

Source: Prix 2019 de la fondation des « gueules cassées »

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